Il y a quelques années, un cahier a été remis au Maire d’Amfreville. Ce cahier jauni contenait, tapé à la machine, le récit du Débarquement du 6 juin vécu par une habitante d’Amfreville, Jeanne Lucas.
En juin 1944, la commune d’Amfreville n’avait pas été évacuée, des habitants surpris et piégés se sont retrouvés au plein cœur du Débarquement et de la bataille de Normandie. Jeanne Lucas a retranscrit ce qu’elle avait vécu au jour du 5 juin au 20 Août 1944.
Du lundi 5 au mardi 6 Juin – Amfreville tête de pont
La nuit est sombre, 11 heures du soir, que se passe-t-il ? Encore un bombardement, regard vers la mer, des lueurs, des bombes, des avions, de la chasse ; puis chose inoubliable une grosse grappe de raisin aux trois couleurs – BLEU – BLANC – ROUGE – vers la côte du canon au port, des avions, dans la grande plaine d’Amfreville, qui lâchent les planeurs qui contiennent 30 hommes et une chenillette ou voiture « Jeep », des centaines de planeurs et de parachutistes, des fusées éclairantes de toutes parts permettent de voir l’atterrissage du tout et une fenêtre sur le derrière de la maison nous permet d’être aux premières loges, jusqu’à 3 heures du matin. Le débarquement a été sanglant 80% de pertes pour les commandos bérets verts ; 3 heures du matin, les Américains et les Anglais pilonnent la côte, c’est effrayant, le canon se met à donner de Ouistreham, les Allemands répondent …, 6 heures du matin 2 parachutistes se présentent chez nous fusils en avant : Avez-vous des boches ? Non, nous sommes terrés depuis 3 heures et nous ne savons pas où ils se sont retirés. Pouvons-nous faire notre toilette ? Entrez, mettez-vous à votre aise, pendant ce temps, je fais un déjeuner auquel ils font honneur – c’est les commandos Français et Anglais – ils sont charmants, je leur demande pour aller à Bavent voir ce que sont devenus mes enfants après un fort bombardement américain. Madame, restez chez vous, ne vous montrez pas même sur la route, çà va être sanglant et vous risqueriez de vous faire tuer ; nous avons débarqué avec la conviction qu’aucun civil n’était sur la côte et nous voyons des civils partout … Un ordre arrive que tous les civils restent chez eux dans les abris ; 8 heures du matin la bataille commence à la poste, les boches fuient, se cachent dans l’église, dans les haies, les arbres, les prés, les mitraillettes donnent de toutes parts, le canon, les avions s’en mêlent, c’est effrayant, combien de temps cette tourmente va-t-telle durer ? … et de plus en plus çà tonne… restons terrés dans notre abri sous le hangar : 80 cm de large, 1 m 50 de long, 1 m 70 de profondeur, renforcé avec des bourrées, des matelas, du gros bois.
...
Extrait du journal
Suivez nos actualités sur Facebook
"Un fleuve pour la liberté, la Dives"
memoireouvrieredives@gmail.com