L'abbé Jacques Leclerc, ordonné prêtre en octobre 1941, a été nommé vicaire de Dives.
Le 3 juillet 1944, il est arrêté par les Allemands en même temps que Jacques Bimont, chef du centre de jeunesse "Guillaume de Normandie". Les deux hommes étaient accusés d'avoir caché cinq parachutistes.
Emmené la prison de Pont L'Evêque puis à Argences dans la maison du docteur Derrien, siège de la Gestapo, il a été exécuté.
Le corps de Jacques Leclerc a été retrouvé dans le charnier de Saint-Pierre-du-Jonquet en novembre 1946.
Il fait partie des 28 victimes de ce massacre. Son corps a été ramené au cimetière de Dives parmi ceux des 8 Divais.
Quand un objet raconte une histoire... Et quelle Histoire !
Été 2019 : au fin fond du souk de Marrakech je tombe sur un objet inattendu. C'est un calice en argent massif, avec une poignée en ivoire représentant la couronne d'épines, cerclée de fleurs de lys en argent avec des petites améthystes et brillants. Des épines stylisés en améthystes et ébène prolongent la couronne. Le pied du calice est orné d'une croix en or et d'un petit diamant. Sous le pied du calice : "Jacques Leclerc 12 octobre 1941 -Ob-SB-" (date d'ordination et Oblat de St Benoît). Mandaté par un prêtre parisien, je le rachète (après négociations bien sûr !)
À qui ce calice a-t-il appartenu ?
L'archevêché de Rabat n'en sait rien, le nom est inconnu des Bénédictins. Divers monastères au Maghreb sont interrogés, en vain !
Je vais mettre un an à découvrir qu'il a appartenu à un jeune prêtre normand, vicaire à Dives-sur-Mer, arrêté à 31 ans par la Gestapo le 3 juillet 44 pour faits de résistance, torturé et fouetté à coups de nerfs de bœuf à Pont-l'Evêque puis à Argences, exécuté et jeté dans une fosse commune avec 17 autres personnes à Saint-Pierre-du-Jonquet et exhumé en novembre 1946. (Il est identifié par son bréviaire que tiennent ses mains liées et sa médaille de baptême.)
Comment son calice d'ordination s'est-il retrouvé au Maroc ?
Mes recherches me révéleront l'existence de 2 femmes, toutes 2 maîtresses de chefs locaux de la Gestapo. La première, Marie-Clotilde de Combiens participait activement aux arrestations et interrogatoires sur Caen, puis Pont-l'Evêque et Argences, pillant et raflant tout ce qu'elle pouvait ; la seconde Madeleine Béranger, bijoutière à Pont-l'Evêque puis active à Rouen dénonçait et envoyait des gens en déportation. Toutes les 2 suivirent leurs amants dans leur fuite vers l'Allemagne où elles furent recrutées et payées par la Gestapo (et se montrèrent redoutablement efficaces) jusqu'aux derniers jours du Reich. Elles réussirent à s'enfuir en Algérie, puis au Maroc où elles passèrent à Marrakech chez le cousin de Béranger qui y tenait un hôtel (tiens tiens....), s'installèrent à Casablanca où elles furent arrêtées en juillet 45. Ramenées en France, jugées en avril 46 par la Cour de Justice du Calvados, condamnées à mort elles furent graciées et recouvrèrent la liberté après quelques années. Elles sont mortes nonagénaires il y a une dizaine d'années dans le sud de la France.
Extraits du récit d'Alain Pignel
Dans ce livret dédié à l'abbé leclerc, vous découvrirez :
- l'incroyable histoire de la découverte de son calice
- le legs réalisé en 1962 avec le testament de jacques Leclerc
- l'article de journal qui relate la découverte des corps en 1946
- des témoignages de l'époque. Ils ont été enfants de chœur, ont fréquenté le centre de Jeunesse où l'abbé était aumônier ou ont participé à des sorties avec lui...
- Le contexte de la ville de Dives pendant la 2nde guerre
Récit d'Alain Pignel complété et mis en page par l'association
Alain Pignel et le père Jean-Pascal Duloisy racontent l'histoire de la découverte et l'achat du calice et leurs recherches pour retrouver à qui il avait appartenu.
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"Un fleuve pour la liberté, la Dives"
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